Chair, os, plumes et poils
En ligne et sous vos yeux, voici le numéro du printemps 2021 de la revue Animal. Il est rejoint en décembre par le numéro papier, hiver 2021, qui gambade dans les librairies et au-delà.
Une revue est un lieu de rencontres,
une cabane aux portes et fenêtres ouvertes
sur les mondes qui peuplent le monde.
2021
une revue en
voie d’apparition
Nous vivons dans une époque de pertes, prise sous des avalanches de « possibles », se démultipliant à une telle vitesse et en si grand nombre, qu’on ne sait plus où donner de la tête. « L’illimité » n’est pas en reste, il joue son rôle d’attraction en chacun de nous, et nous voilà partis, on ne sait où, avant même d’avoir absorbé la moindre particule présente. Serions-nous à ce point, si peu contenants et sans avant ni après ? Mais sait-on réellement ce qui se dépose en nous ? Ce qui se dépose ne fait pas, à son entrée, de déclaration préalable ni d’annonce intempestive. Paysages, ambiances, atmosphères, sensations diffuses et autres, ne prennent pas langue, ne font pas images en nous. Je ne sais pas ce qui loge en moi. En fait, c’est notre imaginaire qui est le plus atteint par ces flots d’images imposées, d’informations, de parlotes, de bruits incessants. Non seulement, on parle à notre place, on sait ce qui nous convient, mais surtout, on nous impose un imaginaire externe soulageant d’avance, comme un parfait analgésique, désirs et manques qui pourraient faire jour en nous. En ne suivant pas ces figures imposées, autant usées que creuses, celui qui écrit, découvre, au fur et à mesure que les mots et les phrases se forment, ce qu’il ignorait en lui avant que cela n’apparaisse à ses yeux. Bien sûr, on ne peut se jeter dans le bain comme ça, sans avoir été invité, appelé par des « amorces », des phrases, dûment choisies pour leur force suggestive. Les élèves qui me disaient, lors d’ateliers d’écriture, n’avoir rien à dire, ne pas être « inspirés », se mettaient à écrire d’un coup lorsque je leur proposais de continuer les phrases suivantes : « Ah si je volais ! … » ; « Ses vêtements ne sont pas à ma taille… » ; « Non, je ne baisserai plus les yeux… » ; « L’eau n’est pas profonde… » ; « J’entends encore sa voix… ». Et tous de s’étonner de leurs textes, se découvrant alors un espace interne qu’ils ignoraient avant d’écrire. Quoi qu’on dise, notre imaginaire ne nous a jamais quittés. À nous de le solliciter car nous ne serons plus les mêmes après une telle aventure. L’expérience des ateliers d’écriture, quel que soit l’âge des participants, démontre à chaque fois que tous ont bien plus de richesse en eux qu’ils ne croient.
Jean-Louis Giovannoni
rue Dagorno/février 2021
Claude Favre
SAngs mêlés
Sophie
Loizeau
Mes cahiers de malte
Christophe
Marchand-Kiss
HIVER, DU MATIN
Alexis Audren
BIGARRURES ET BARIOLAGES
Isabelle
Baladine Howald
M, SEPT EXTRAITS
Arman Tadevosyan
Paysages INCERTAINS
Jean-Louis
Giovannoni
Nos fantômes sont des silences
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